L’île de Velkyn

« Là où la Bête dort, le monde retient son souffle. »

Velkyn.
Autrefois, cette île suspendue dans le ciel fut un joyau parmi les fragments célestes. Riche en éther et en mémoires anciennes, elle abritait les Scribes du Vent, un ordre d’érudits et de magiciens qui cherchaient à préserver les vestiges du monde avant la Chute.

Ils bâtirent des tours d’ivoire et des ponts tissés de lumière, chantant aux astres pour repousser la Brume. Velkyn était un havre, un sanctuaire — jusqu’au jour où la Bête s’éveilla.

Nul ne sait comment elle arriva.
Nul ne sait si elle fut invoquée, attirée ou née de la folie des hommes.
Mais son ombre s’étendit sur l’île comme un présage.
En quelques heures, les tours devinrent poussière.
Les ponts s'effondrèrent.
Et les Scribes furent consumés par une vague d’énergie brute et sauvage.

La Bête du Néant

Elle n’a pas de nom.
Ou plutôt, elle en a trop pour que l’on ose les prononcer.
Dans les légendes fragmentées, elle est désignée comme "La Gorge du Monde", "Celle qui se repaît des chants" ou simplement "l’Oubli incarné."

La Bête ne tue pas comme le ferait un dragon ou un démon.
Elle efface.
Elle dévore l’essence même de ce qui est.
Quand elle rugit, les souvenirs des choses disparaissent.
Les murs s’effacent des mémoires.
Les noms deviennent des soupirs.
Et ceux qui tombent… ne laissent que des silhouettes vides.

Un sommeil qui n’est pas une délivrance

Lorsque Velkyn fut ravagée, la Bête ne partit pas.
Elle s’effondra dans le cœur même de l’île, épuisée ou scellée par la dernière magie des Scribes.
Depuis, elle dort, au plus profond des entrailles de l’île dévastée.

Autour de son sommeil, la nature elle-même semble hésiter.
Le sol est fissuré.
Les ruines flottent en apesanteur, figées entre l’être et le néant.
Les esprits des Scribes, eux, murmurent encore… piégés dans une boucle sans fin, oubliant qu’ils sont morts.

Le secret de Velkyn

Dans les âges sombres qui suivirent, seuls quelques érudits osèrent en parler.

Ils savent, désormais, que la Bête de Velkyn fut l’une des causes de la Chute du Monde.
Peut-être la première.
Peut-être la clé de tout.

Tant que la Bête dort, Seryalis peut espérer reconstruire.
Mais si elle s’éveille à nouveau…
Alors tout ne sera plus que Silence.

« Le danger véritable n’est pas dans ses crocs…
mais dans l’oubli qu’elle sème. »